Jean-Pierre FANJAUD, une révolution en musique

Origine et enfance

Mes parents se sont rencontrés à Marseille. Ma mère est domiciliée 1 rue de la gavotte. Ils fréquentaient le quartier près la samaritaine. Dominique givaudan le blanchisseur et nicolas huriot le miroitier, et guillaume Party des faubourg, seront témoins de leur mariage.

La rue de la samaritaine part de la place du cheval blanc et allant aux rues des gavottes et de la couronne. L’ancienne fontaine, que l’on voit dans un recoin, représente le Sauveur et la Samaritaine, d’où son nom. Il reste quelques traces de la sculpture. Le lavoir est très fréquenté.

En 1753, mon père jean avait quitté Bédarieux pour se rendre à Marseille, vivre place de l’homme exercer son métier de menuisier. Il était présent au mariage de sa sœur marie qui se mariée avec le vitrier jean pierre Pons de Bédarieux en 1765. Mon père se déclare maître menuisier. Ma mère, marie mégé, analphabète, était originaire du quartier de l’église saint martin, où ils se marient le 25 août 1767. Elle était la fille d’un voiturier de la rue du petit saint jean, Laurens Mégé, qui avait épousé Claire Jaume une fille de son quartier de 28 ans sa cadette, analphabète. Ils s’étaient aussi mariés dans cette même église en 1744, la communauté paroissiale comptait 40 000 fidèles. Peu avant sa démolition en 1887, cette église mesurait 47 m de long, 35 m de large et 15 m de haut. La surface occupait environ 1 350 m2 et pouvait accueillir 2 200 personnes.

Mon père, jean, était le fils d’un menuisier, jean François, et de Madeleine Vech, tous deux de Bédarieux.

A Marseille, malgré la diversité relative de la « cuisine provençale », l’aliment de base était comme ailleurs l’énorme ration quotidienne de gros pain lourd, trempé dans une « soupe » qui plus ou moins à de l’eau chaude. Ma grand-mère, par nostalgie de la sienne plus que par nécessité, en faisait encore parfois la qualité moyenne : beaucoup de tranches de pain, qu’elle arrosait avec de l’eau où avaient bouilli longtemps une galinette et du fenouil. A défaut de la galinette, les et les crabes que la côte fournissait gratuitement permettaient à tous cette variante carnée côtière de la soupe au pain.

En mars 1769, Marseille est en proie aux horreurs de la mort, une terrible épidémie : la peste. Mes parents décident de retourner à Bédarieux.

Je suis né le 16 septembre 1770 à Bédarieux. A mon baptême, mon oncle, jean François, qui est mon parrain était représenté par son fils Jean-Pierre, mon cousin. Ma tante marie était ma marraine.

Ma sœur marguerite naît en 1773 à Bédarieux. Puis le 20 février 1775, ma sœur marguerite Françoise marie naît à Montpellier. Puis mes parents allèrent s’installer à saint gaudens en haute Garonne ou naît ma soeur marie Jeanne en 1777.

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La bataille des frontières

La loi des 13 et 19 janvier 1791 reconnaissait la liberté de I’industrie théâtrale, mais le décret du 8juin 1806 rétablissait le régime du privilège. Si la censure n’est pas abolie- elle est même bien présente-, la tutelle administrative responsable de son application apparaît moins rigide et moins tatillonne.

Le 20 septembre 1792 une armée prussienne, commandée par le duc de Brunswick, essaye de marcher sur Paris. Les généraux Christophe Kellermann et Charles François Dumouriez réussirent à arrêter l’avancée prussienne près du village de Valmy, en Champagne-Ardenne.

Le 21 septembre 1792, la nouvelle parvient à Paris. Assurée de la sauvegarde du pays, sûre de sa force, la Convention nationale proclame l’abolition de la royauté, à laquelle se substitue la République. Kellermann passe pour le sauveur de la patrie.

Le 06 novembre 1792, l’armée révolutionnaire française, constituée de 40 000 volontaires et commandée par Dumouriez, remporte la victoire de Jemappes contre l’armée autrichienne.

Le 9 novembre, le bulletin de la convention annonce la victoire de Jemapes et la prise de Mons. Le 11 novembre 1792, Nancy célèbre la fete de la victoire sur la place de la Liberté, donne un Te deum d’actions de grâces en l’honneur de Jemappes, et organise, dans un geste de générosité magnanime, une quête au profit de 136 prisonniers hessois, récemment capturés et dirigés sur la citadelle de Nancy.

Les autorités locales dressaient la liste de leurs émigrés et commençaient à disperser leurs meubles aux enchères.

Le 12 novembre 1792 est né jean georges fanjaud, que je légitime à mon mariage le mois suivant. Les bans ont été publiés à sarrebourg le 25 novembre 1792.

Le 4 décembre 1792, à l’âge de 21 ans et trois mois, musicien de profession, domicilié de fait à Phalsbourg, j’épouse marie baumayer née le 2 décembre 1774 à Sarrebourg, fille d’un huissier au tribunal de district demeurant à Sarrebourg (ville de 1500 habitants à la frontière prussienne), jean georges et marie breton. Les témoins sont un procureur, un huissier et un sculpteur, tous mosellans.

La Moselle de 1790 n’est qu’un morceau d’un espace lorrain bien plus vaste dont il convient de retracer succinctement l’évolution territoriale. Elle est l’un des quatre départements lorrains laborieusement mis en forme en décembre 1789 à la suite de longues tractations entre les députés de la région. Le 26 décembre 1789, sont établis neuf districts : Metz, Longwy, Briey, Thionville, Boulay (supprimé en 1794), Sarrelouis, Morhange, Sarreguemines et Bitche et le lendemain, il en est de même pour le département de la Meurthe avec le même nombre de districts. Cette étude ne portera pas sur les musiciens recensés dans les districts de Longwy et Briey, mais sera élargie à ceux qui se trouvaient en 1790 dans les limites des trois districts de Vic-sur-Seille, Dieuze et Sarrebourg situés alors en Meurthe et aujourd’hui en Moselle.

La Moselle de 1790 est traversée, du fait de sa configuration géographique et de son histoire, par une frontière linguistique de part et d’autre d’un axe nord-ouest/sud-est allant de Thionville à Sarrebourg. En 1806, plus du tiers de la population se situait en zone germanophone et s’exprimait dans un des trois parlers germaniques : d’ouest en est, les franciques [ou « Platt »] luxembourgeois, mosellan et rhénan-lorrain. Les nouvelles lois votées par l’Assemblée nationale sont traduites systématiquement en allemand. Cette diversité est également culturelle. Par exemple, elle rejaillit sur la façon de vivre sa foi, de façon plus communautaire, ouverte à l’exubérance baroque et à l’accompagnement musical du culte dans la zone germanophone. Cette diversité explique la présence de nombreux musiciens d’origine germanique ou l’intervention de facteurs d’orgues venus du Saint-Empire.

La présence massive de l’armée dans cette zone stratégiquement essentielle à la défense du royaume (« Metz couvre l’Etat » écrivait Vauban), implique la présence d’une multitude de musiciens régimentaires. En témoigne en septembre 1784 la petite annonce publiée dans les Affiches de Lorraine par le régiment du Hainaut, en poste à Sarrelouis, qui souhaite « trouver deux Musiciens, dont un Basson & une Clarinette ».

La place forte de Metz peut accueillir jusqu’à 10 000 hommes depuis les travaux de Cormontaigne dans les années 1740 et la construction de plusieurs casernes à travers la ville. En 1788, il y a dix bataillons et douze escadrons en garnison, issus de quatre régiments d’infanterie, d’un régiment d’artillerie, d’un de dragons, d’un autre de hussards. La ville possède en outre une école d‘artillerie, un arsenal et le corps royal de génie. Sur la frontière, d’autres régiments sont garnisonnés à Thionville, Sarrelouis et même à Phalsbourg et Sarrebourg.

En 1790, le réseau urbain, très ancien, est écrasé par la ville de Metz (13e ville de France), siège du gouverneur et de l’évêque, avec ses 36 600 habitants (plus 7 000 militaires). Elle est très loin devant la seconde ville du département, Thionville (5 000 habitants) et la troisième, Sarrelouis (3 780). Les autres villes ne dépassent pas les 3 000 habitants, pour une population de 348 000 habitants en 1801.

Les régions de Phalsbourg et de Dabo relevaient du diocèse de Strasbourg.

Les élites s’adonnent aussi à la musique et à la danse comme on le constate facilement en parcourant les nombreuses annonces parues dans la presse à cette époque. Elles fréquentent l’opéra et les concerts comme l’a montré René Depoutot. Les maîtres à danser sont nombreux à offrir leurs services, n’hésitant pas à faire étalage de leur expérience dans la presse, tel en 1778 le sieur Renaud qui se proclame « ci-devant Maître de Danse de la Cour, premier Danseur & Maître des Ballets au service de Son altesse Sérénissime Monsieur le Landgrave de Hess-Cassel ». Une pléiade de professeurs donne également des leçons de musique. Certains tiennent même des classes comme, par exemple, les époux FERROUILLAT qui ont mis en place avant mai 1789 une école vocale et instrumentale dans la demeure d’un procureur au présidial, rue du Change. C’est une pension où sont également admises des jeunes filles externes. Lui, qui est le fils d’un ancien musicien de la cathédrale, est connu pour la composition et l’accompagnement au forte-piano et à la harpe, il propose « l’art de jouer les pieces selon leur genre, la pratique moderne, les théorie complette pour l’aisance & la parfaite connoissance du Clavier, la force & la délicatesse pour les graduations du tact, les nuances de l’expression […] ». Son épouse s’occupe de l’instruction en général et « elle enseigne aussi à chanter en s’accompagnant de la guitare, elle se propose de remplir l’objet le plus respectable, en dressant les enfans pour la premiere communion ».

Un Concert existait à Metz dès le milieu du XVIIIe siècle mais il a laissé peu de traces contrairement aux deux associations de concert [plutôt une en réalité ?] beaucoup plus connues, créées en 1797 : la « société philarmonique » et le « concert d’amateurs ». Certains concerts sont néanmoins chroniqués dans la presse comme celui du 8 janvier 1781, donné à l’Hôtel de ville, où « M. Bourgoin, Musicien de la Cathédrale, a chanté plusieurs morceaux, entr’autres une Ariette nouvelle, que l’on dit être d’un Officier du Régiment de Bretagne. M. Bourgoin mérite par lui-même beaucoup d’applaudissemens ; mais il en eût eu bien davantage si l’on eût su qu’il était l’Auteur de l’Ariette qu’il a chanté ».

Quant au Théâtre situé en Nexirue, devenu vétuste, il fut abandonné et le gouverneur ordonna la construction d’un Hôtel des Spectacles dont le chantier dura près de vingt ans (jusqu’à l’inauguration en 1752) [Fig. 2]. Cet établissement était financé par l’Hôtel de Ville mais se trouvait sous administration militaire. Il comportait 1 384 places et l’abonnement était obligatoire pour les nombreux officiers de la garnison. On y donnait des opéras comme des comédies et les acteurs-chanteurs étaient polyvalents. L’orchestre comportait dix-sept membres en 1786, seize en 1791 dont un, BOURGOUIN, était en poste à la cathédrale comme chantre avant 1790 et un autre, THOMAS, sur le point de sortir de la maîtrise. Quant à BOLVIN, le chef d’orchestre, il avait joué de la basse à la cathédrale en 1782. En mai 1774, pourtant, le chapitre avait réitéré sa défense faite « aux musiciens et chantres de cette Eglise, ainsy qu’au Maitre de musique de fréquenter l’hôtel des Spectacles pour y jouer des instrumens, chanter, servir ni figurer de quelque sorte et maniere sous quelque pretexte que ce puisse etre, a peine de privation de leurs offices et d’etre renvoyer sur le champ ». Les pupitres de cuivres ne sont pas mentionnés car ils étaient tenus par des musiciens vacataires, sans doute issus des régiments. Si les sources manquent pour étudier l’extrême fin de l’Ancien Régime, René Depoutot a pu établir qu’entre 1774 et 1783, il fut donné au Théâtre de Metz 523 représentations dont 86 % étaient issues du répertoire de cinq compositeurs, en premier lieu Grétry (41.5%) puis Monsigny, Philidor, Duni et Devèze.

En janvier 1793, les chefs-lieux de districts se plaignaient de la cherté des vivres, de la difficulté de se procurer des grains, de l’accaparement de l’orge par les brasseurs à « un prix exorbitant ».

Pour faire suite à la levée en masse de 300.000 hommes en mars 1793, 3000 citoyens jeunes et vigoureux sont réquisitionnés pour le département de la Meurthe et, la réquisition des fusils de guerre, presque tous entre les mains de gardes nationaux.

Dans les premiers jours d’avril 1793, avec la retraite de Custine sur Landau, avec l’avance de Hohenlohe-Ingelfingen dans les Deux-Ponts, le danger d’une invasion des départements alsaciens et lorrains était réapparu comme imminent : inquiet tout à la fois de l’inachèvement de la levée des 300.000 hommes et de l’impréparation militaire de ces recrues, le Directoire départemental avait alors mis en état de réquisition permanente d’abord les gardes-nationaux des districts de Château-Salins, Dieuze, Sarrebourg et Blâmont (8 avril), puis, bientôt après (10 avril), ceux des cinq autres districts. En outre, le 11 avril, informé par le général d’Aboville, commandant l’armée de la Moselle, des « dangers pressants des armées », le Directoire avait décidé de reprendre, pour les districts de Dieuze et de Château-Salins, le plan défensif échafaudé en octobre 1792 contre l’invasion prussienne. Sur la réquisition du commandant en chef de l’Armée de la Moselle, il avait aussi rassemblé 800 gardes nationaux sédentaires des districts de Sarrebourg et de Blâmont pour les faire travailler à un retranchement près de Bitche.

L’arrivée du décret du 23 août 1793, et sa nouvelle levée en masse, obligea le Conseil départemental à modifier, le 30 août, son arrêté primitif. Il convoqua, cette fois, tous les citoyens de 18 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants, et, dans les villes et les bourgs, tous les citoyens de 18 à 35 ans, sans exception. C’était exiger illégalement des populations meurthoises un sacrifice beaucoup plus considérable que le sacrifice demandé par l’Assemblée et accroître une confusion déjà grande. En fin de compte, les districts obéirent, les uns aux arrêtés départementaux du 25 et du 30, d’autres au décret de la Convention du 23, d’autres encore – Blâmont et Sarrebourg – à la réquisition plus ancienne des représentants Lacoste et Guyardin.

Touché directement, comme Sarrebourg, par l’arrêté Lacoste et Guyardin, le District de Blâmont fit marcher d’abord, sans les organiser en bataillons, tous les citoyens de 16 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants ; mais, le 4 septembre, à Hochfelden, non loin de Saverne, un bataillon de 435 hommes se constitua, tandis que les cultivateurs et les individus mariés étaient libérés. Seul, par conséquent, le district de Sarrebourg exécuta fidèlement le levée en masse, sous la forme définie par les représentants.

Le 25 février 1793,  ma sœur marguerite décède à 20 ans à dix heures du matin dans la maison goulard rue de la république à Montpellier. Les témoins sont mathieu béaler négociant âgé de 64 ans et alexandre palliés tailleur d’habits âgé de 27 ans.

En 1794, ma sœur marie jeanne épouse françois mathieu gaudens Gazave, de Moutanité, âgé de trente ans à saint gaudens. Les témoins sont jean baptiste alexis dupré âgé de 28 ans, louis joseph coste âgé de 22 ans, joseph bestieu âgé de 31 ans, et fuleraud charlot âgé de 38 ans, tous lettrés.

En 1795, mes parents se sont installés à Montpellier. Mon père exerce le métier de luthier.

En 1796, ma sœur marguerite Françoise marie épouse jean baptiste Alexis dupré, le témoin du mariage de sa sœur marie Jeanne. Les témoins sont Philippe Brule artiste de 30 ans, pierre noel raynaud, commis au département âgé de 52 ans, Louis Baide âgé de 40 ans et Laurent Eymar droguiste.

Le 19 mars 1797, à onze heures du soir, mon père jean, âgé de 63 ans décède à Montpellier dans la maison goulard rue de la république. Les témoins sont pierre martin tailleur âgé de 61 ans et alexandre pailles tailleur âgé de 32 ans.

Le 17 novembre 1797 à Sarrebourg, marie baumayer épouse robert étienne Hugo, né le 8 décembre 1773 à Arcueil, décédé le 29 janvier 1831 à Paris 10, garde du parc d’artillerie au Régiment d’artillerie légère. Ils auront cinq enfants, entre 1799 et 1816.

Le 2 juin 1801, ma sœur marguerite françoise qui a divorcé de jean baptiste Alexis dupré, épouse Antoine augustin Feumelau à Montpellier où ma mère réside toujours. A l’occasion du mariage, elle légitime un fils andré augustin né un an plus tôt. Les témoins sont André montel instituteur âgé de 65 ans, pierre françois barth peintre âgé de 51 ans, jean cairel facturier de 63 ans, et Etienne domergue facturier de 38 ans, tous de Montpellier.

Le 28 juillet 1802 à Sarrebourg, georges adolphe Hugo,  naît Le 26 janvier 1804 à Sarrebourg, jean georges banmayer décède à l’âge de 68 ans. Son épouse, madeleine Breton décède le 3 décembre 1807 à Sarrebourg.

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Rencontre avec Sophie Vauclin, enfant de la balle

Le 26 janvier 1804 à Sarrebourg, jean georges banmayer décède à l’âge de 68 ans. Son épouse, madeleine Breton décède le 3 décembre 1807 à Sarrebourg.

Le 15 juillet 1807, à saint Quentin dans l’Aisne, Sophie Vauclin, artiste dramatique, donne naissance, hors mariage, à Louise sophie léontine. Les témoins sont Léon Charles louis barbereau âgé de 27 ans et François désiré fontaine âgé de 29 ans, tous deux artistes dramatiques domicilié comme sophie à saint quentin.

Sophie vauclin est née à Brest le 8 janvier 1782, où ses parents étaient domiciliés. Son père Alexandre vauclin, est originaire de la paroisse de la madeleine à Rouen. Il est marchand en 1783/4 puis musicien en 1790, né orphelin de père passementier. Sa mère Catherine Potier est originaire de la paroisse de aveignières diocèse du Mans. Sophie a une dizaine de frère et soeurs

En 1809, nous sommes domiciliés à Avignon.

En juillet 1809, je suis musicien. Mon épouse, Sophie vauclin, donne naissance à notre premier enfant joseph Alexis. Nous le confions à marie jacquet, femme de Nicolas faure, nourrice à Carpentras île 52. Notre enfant décèdera un an plus tard sur déclaration du garde de police.

En 1810 nous sommes domiciliés à Narbonne.

En juillet 1810, Sophie donne la vie à Sophie amandine à Narbonne. Elle décèdera 42 jours après sa naissance à Carcassonne dans la maison de la veuve duchin, carré de berriac.  Les déclarants sont Antoine soulairac, garde de police âgé de 55 ans, et jean balut, brassier de 52 ans, tous deux voisins.

Début mai 1811, nous sommes domicilés à perpignan. Je suis musicien au spectacle.

Depuis la fin du 18e siècle, c’est la Loge de mer qui faisait office de théâtre à Perpignan. Ce lieu ne convenant plus pour diverses raisons de sécurité ou de capacité, le 22 avril 1810, un collectif de cinquante-sept bourgeois de la ville lancent une souscription afin de faire l’acquisition de l’emplacement de l’ancien collège des jésuites et d’y faire construite un nouveau théâtre. Le projet avec plan et devis est soumis au conseil municipal, qui l’adopte le 5 mai 1811. La construction démarre à la fin de l’année 1812 et le nouveau théâtre entre en service en novembre 1813, alors que les travaux ne sont pas tout à fait achevés. Le théâtre de la Loge de mer est quant à lui fermé cette même année.

Le 24 juin 1811, sophie donne naissance à Jeanne Antoinette Elisabeth. Je déclare sa naissance deux jours plus tard, en compagnie de sauveur poullgaud, brassier âgé de 29 ans, et de jean parima, revendeur de 36 ans, tous deux illettrés.

Je confie notre fille à un père nourricier Jacques Labroué né en 1765 ou 1770 ou 1772 à Py et demeurant à Cabestany où il exerce le métier de brassier avec son épouse. Il décède le 03 décembre 1852 à Cabestany en tant que cultivateur. Il est marié le 6 juin 1795 à Peyrestortes à Marie Angelique TRONYO née en 1769 ou 1773 ou 1776 à Toulouges, décédée le 26 mars 1842 à Cabestany.

Elisabeth partagera sa jeunesse avec Thérèse marie angélique LABROUE née le 8 mai 1797 à alenya et marie thérèse marguerite LABROUE née le 10 mars 1809, à Cabestany.

Mon beau frère, Pierre auguste vauclin né à brest le 9 octobre 1786, engagé comme musicien à l’état major de la 112e demi-brigade de ligne en 1803, déserte le 26 juillet 1811.

En 1811, on joue, au théâtre de Nimes, la première de Rien de trop, opéra de Boïeldieu. L’année de 1812 le fut par la première de La Vestale de Spontini. En 1813, on reprend Le Philinte de Molière, de Fabre d’Eglantine, et le lendemain, en l’honneur de la mort de Grétry, on joue deux pièces de ce compositeur : Silvain et Zemire et Azor. Entre ces deux ouvrages on couronne le buste de l’auteur placé sur un piédestal au milieu de la scène ; les acteurs et les artistes en habit de deuil, entourent le buste et tiennent à la main un rameau de laurier.

Le 27 janvier 1812, ma tante marie décède à Bédarieux à l’âge de 34 ans.

Le 9 juin 1813, à cinq heures du matin, louise séraphine naît dans notre maison, section dix n°33 à nimes. Je déclare sa naissance avec jean herail, artiste âgé de 46 ans, jean rousselot artiste âgé de 46 ans, tous deux domiciliés à nimes.

Le 10 octobre 1813 à cinq heures du matin, louise sophie léontine décède chez nous. les déclarants sont jean heraïl artiste âgé de 47 ans, et charles pierre de maurin, propriétaire âgé de 52 ans, tous deux domiciliés à nimes.

En 1814, Son Altesse Royale, frère du roi Louis XVIII, de passage à Nîmes, assista dans une loge qui lui avait été préparée, à Oedipe à Colonne de Sacchini.

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L’exil aux antilles

Le 8 avril 1815, à sept heures du soir, sophie donne naissance à Gabriel hypolite à nimes. Je suis absent car musicien en campagne. Les déclarants sont Antoine ferda, chirurgien accoucheur domicilié à montpellier, jean rousselot artiste âgé de 48 ans, et Gabriel vaquet artiste âgé de 35 ans, tous deux de nimes.

Une première représentation qui a lieu le 4 octobre 1815 à nimes. Il s’agit d’une pièce que l’auteur présente ainsi : Rodéric ou Cunégonde, ou l’Ermite de Montmartre, ou Le revenant de la Galerie de l’ouest, ou La Forteresse de Moulinos,

En 1817, un célèbre acteur de cette époque, Joanny, qui devait succéder à Talma, vient jouer à Nîmes Othello, le 6 janvier, et, quelque temps plus tard, en avril, Macbeth.

Dans la salle du théâtre on faisait encore usage des quinquets pour l’éclairage. Le « Journal du Gard » du 15 février 1817 se plaint de la faiblesse de cet éclairage qui ne permet point de se distinguer à dix pas, une heure après que les quinquets ont été allumés. Il termine son article en demandant l’installation du gaz hydrogène. Cette installation venait d’être réalisée à F Athénée de Bordeaux.

L’orchestre du théâtre avait déjà un défaut qu’il n’a peut-être jamais perdu, celui de jouer trop fort. Dans ce même Journal du Gard, un abonné s’en plaint; le 1er Novembre 1817, il supplie les musiciens de jouer piano, et même pianissimo, lorsqu’ils exécutent des parties d’accompagnement ; en retour, il les laisse libres de s’en donner à cœur joie lorsque l’orchestre joue seul.

En 1818, plusieurs ballets sont dansés par les premiers sujets du théâtre de Marseille: Les jeux de Paris, Les meuniers, et La fille mal gardée.

Un autre événement de l’année 1818, beaucoup plus important pour nous, est la première représentation à Nîmes, des Noces de Figaro de Mozart

Le 7 septembre 1817 à quatre heures du soir, Sophie, artiste lyrique, donne naissance à pauline alexandrine dans la maison de mathieu metz, cordonnier rue épicerie à Avignon, qui déclare la naissance avec dominique degoy, cordonnier de 46 ans et  joseph mouchiol , homme de peine âgé de 64 ans.

Le 8 juillet 1818, gabriel hypolite décède à l’âge de 3 ans dans la maison de sa mère, sophie, 18 rue lancerie à Avignon (actuellement place de l’horloge, face à l’opéra et à l’hôtel de ville). Déclaration faites par joseph barbut, vitrier de 25 ans, et pierre flaud homme de peine âgé de 63 ans, domiciliés à Avignon.

E 1818, le conseil municipal d’Avignon commence la construction du nouveau théâtre à la place de l’hôtel de ville.

J’ai alors décidé de répondre en 1816 à une offre avantageuse de contrat de chef d’orchestre pour le tout nouveau théâtre de Saint Pierre de la Martinique.

Afin d’honorer ce contrat, je me suis rendu en janvier 1817, à l’âge de 46 ans, au Havre de Grâce, après quatre longues journées de diligence, fatigantes, en circulant jour et nuit et sans autre arrêt que les relais et les repas.

Parvenu au Havre de Grâce, j’ai embarqué sur un voilier en direction de la Martinique.

Pour atteindre cette île, j’ai vécu 8 jours de navigation monotones, la vie à bord se résumant à de longues promenades sur le pont, entrecoupées de jeux de société ou de hasard, de lecture et d’écriture ainsi que de musique et de chant. Heureusement qu’il y avait les repas pour briser la monotonie de la traversée. On avait donc très peu d’activités et on devenait vite désœuvré.

Cette traversée de l’océan, qui m’a permis de m’habituer au mal de mer, s’est achevée dans la rade de Saint Pierre, capitale de la Martinique et principale ville des Antilles.

En septembre 1816, octobre 1817, la Martinique connaît 2 tempêtes d’intensité modérée. Cette île, après une occupation anglaise de 5 années, est restituée à la France depuis mai 1814.

Voyage à la Guadeloupe 1848, par Félix Longin :

« Tout ce que j’avais lu dans divers ouvrages sur les pays équatoriaux m’avait donné l’envie d’y voyager un jour. Je demandai et j’obtins des lettres de recommandation près les autorités de la Martinique et de la Guadeloupe et je m’embarquai au Havre de Grâce, le 5 octobre 1816, sur le navire l’Auguste de Honfleur, capitaine Le Roi, qui faisait voile pour la Martinique.

Je n’avais jamais navigué que sur des rivières, des fleuves ou des lacs ; j’ignorais ce que c’était que le mal de mer, et quoique la mer fût très-peu agitée, j’en fus atteint pendant les huit premiers jours de notre navigation. C’était un dégoût prononcé pour les aliments, de fréquentes nausées, un violent mal de tête, un malaise général qui m’eût fait souhaiter ne m’être pas embarqué, si le vif désir de parcourir une petite partie du nouveau monde n’eût relevé mon courage. Ce mal, sans doute, a sa cause éloignée dans les mouvements extraordinaires que le bâtiment imprime au physique ; mouvements qui troublent les fonctions animales et dérangent plus ou moins la nature dans ses diverses opérations ; mais ne pourrait-il point avoir sa cause prochaine et immédiate dans l’abondance des humeurs plus ou moins altérées qui, n’étant plus soumises à l’action de la vie, produiraient ces espèces de désordres ? et de là ne pourrait-on point conclure qu’on se mettrait à l’abri de ces souffrances, ou que du moins elles seraient moins intenses si, avant de s’embarquer, on avait soin de se faire évaquer ? car pourquoi de vieux marins, accoutumés aux gros temps, en sont-ils parfois atteints ? pourquoi n’est-on bien soulagé que quand on peut vomir ? Au reste, cette question est étrangère à mon plan : je l’abandonne aux médecins.

Nous n’éprouvâmes aucun gros temps sur la Manche : une brise légère nous en sortit en peu de jours ; mais, dans le golfe de Gascogne, nous essuyâmes un coup de vent qui, heureusement, nous inspira plus de craintes qu’il ne causa d’avaries.

Il était à peu près sept heures du matin, de gros nuages gris noirâtre dérobaient à nos yeux toute l’étendue du ciel, un jour sombre nous éclairait à peine ; les vents déchaînés de la partie du sud-est luttaient avec effort contre les flots ; le perfide élément, jusque dans ses abîmes, horriblement agité, offrait de tous côtés l’épouvantable image de la mort. Tantôt le navire, avec une rapidité extrême, semblait glisser sur la pente des vagues, et nous nous trouvions tout à coup comme ensevelis dans le creux d’un profond vallon, environnés de montagnes énormes, dont les sommets, se touchant pour ainsi dire, semblaient sonner notre dernière heure ; et tantôt, au contraire, élevés sur le dos des flots pleins d’écume, nos tristes regards ne tombaient que sur des précipices sans fond.

Un des passagers, qui comme moi était resté sur le pont pour voir cette belle horreur, avait trouvé bon de s’attacher avec une corde à l’un des mâts ; moi, je trouvai plus de sûreté à me cramponner aux sabords.

Que de pensées sublimes cette scène d’horreurs présentait en foule à l’esprit ! quel homme, sans une émotion profonde, pourrait en soutenir la vue ? C’est alors que les passions se taisent, que la raison recouvre tous ses droits, que le cœur, tout pénétré de remords, s’élève en tremblant jusqu’aux pieds de la divinité et forme des vœux sincères ; c’est alors qu’on élève, à leur vraie valeur, les grandeurs et la pompe du monde, que le voile des préjugés tombe et que l’homme se dit à lui-même : de tous les biens d’ici-bas, le plus précieux, celui dont la jouissance ne donne aucun regret, c’est la vertu.

Après avoir doublé le cap Finistero et atteint la région des vents alizés, nous eûmes constamment beau ciel et belle mer. Nous ne fûmes contrariés que par des calmes qui retardèrent l’époque heureuse de notre arrivée.

Ces vents alizés sont de légers vents d’est qui soufflent presque constamment et avec une vitesse à peu près uniforme. C’est entre les tropiques et à quelques degrés au delà vers les deux pôles qu’ils exercent leur empire. Quand on a atteint ces régions paisibles, on n’a plus à redouter ni ces noires tempêtes qui poussent au loin les vaisseaux en route contraire, ni ces fureurs de l’Océan qui menace à chaque instant de les engloutir. Tantôt la mer, légèrement hérissée à sa surface, offre l’image d’une vaste plaine où bondissent de nombreux troupeaux ; tantôt, unie comme une glace, elle réfléchit l’azur des cieux ou les nuages diversement contournés qui parcourent l’atmosphère.

N’ayant à bord aucune fonction à remplir, mon unique occupation était de contempler l’immensité du ciel et celle de l’Océan. Mes yeux avides y cherchaient des merveilles. Ils eussent voulu en sonder les profondeurs, en parcourir les abîmes, y voir ces plaines de sable différemment inclinées ; ces fleuves tortueux, ces montagnes, ces noires cavernes, ces précipices épouvantables qui causent les courants plus ou moins forts qui se manifestent à la surface de l’eau même ; ces vastes et sombres laboratoires de la nature d’où s’élancent au travers de l’onde des torrents de matières embrasées. Ils eussent voulu s’y promener entre ces végétaux divers, ces polypiers, ces groupes énormes de madrépores qui en revêtent les vallées, les montagnes et les rochers. Ils eussent voulu voir ces nombreux habitants dont la plupart sont encore inconnus et le seront toujours ; ces poissons de toute espèce, ces testacés sans nombre qui ne s’élèvent jamais au niveau des mers ; mais, ô nature, tu ne donnas pas à l’homme des sens assez parfaits ! que dis-je ? assez parfaits ! serait-ce une perfection ?… Si l’œil humain pouvait franchir ces distances infinies, sous quel aspect verrait-il les êtres qui l’environnent et qui lui semblent si charmants ? combien d’autres, qu’il n’aperçoit pas dans sa manière d’être actuelle, lui sembleraient des monstres hideux ?

Cependant, sur la surface des eaux, on voyait marcher en troupes les avides marsouins ; chaque cohorte semblait obéir à un chef qui la précédait. La pesante baleine se promenait gravement en poussant devant elle un flot d’écume. Le vorace requin, dans sa course vagabonde et solitaire, courait après des victimes ; la fine dorade fendait en tous sens la vague et semblait se plaire à faire admirer les belles couleurs de son dos ; la rapide frégate, poussé par les zéphirs, venait nous réfléchir les couleurs de l’arc-on-ciel.

Comme les habitants des déserts et des forêts immenses qui couvrent une partie des continents, ceux des mers se font une guerre continuelle et cherchent, dans de plus faibles qu’eux, l’aliment et la vie. Ainsi l’a voulu la nature pour empêcher les funestes inconvénients qui auraient résulté, pour notre sphéroïde, de leur prodigieuse multiplication. Chercher leur proie n’est cependant pas leur seul instinct ; ils possèdent aussi celui d’éviter les poursuites de leurs ennemis ; et la nature, en leur donnant à tous le sentiment de leur existence, leur donna les moyens de veiller à leur conservation ; ainsi, on voit le poisson ailé prendre dans les airs un vol incertain pour donner le change à l’ennemi qui l’allait dévorer ; ainsi, pour la même cause, on voit le joli petit pilote nager constamment sur le dos des requins.

Arrivés au tropique du Cancer, il fallut se soumettre à une cérémonie en usage sur tous les bâtiments : c’est le baptême du tropique. Tout étranger qui n’a point encore vu le ciel de la zone torride, n’en peut être dispensé. C’est une petite ruse à laquelle les matelots ont recours pour mettre les passagers à contribution. Ce sont eux qui sont acteurs dans cette scène comique.

La veille du passage, un courrier du bonhomme Tropique s’arrête sur le haut du grand mât, appelle le capitaine, lui demande d’où vient le navire, où il va ; l’avertit qu’il entre dans l’empire du tropique, et que le bonhomme descendra pour présider au baptême des passagers et des matelots qui n’auraient pas encore parcouru ces parages. Aussitôt tombe sur le pont une grêle de pois : ce sont les bonbons du baptême, Le lendemain matin, on voit descendre des mâts le bonhomme Tropique, entouré de ses esclaves enchaînés deux à deux. C’est un vénérable vieillard courbé sous le poids des années. Il s’assied avec peine, sur un trône qui lui était préparé, et son chapelain fait la cérémonie. Le nouveau catéchumène est placé sur une planche légère, posée sur un grand baquet plein d’eau. Le prêtre, d’une main, prend gravement le bras du catéchumène, et de l’autre lui verse de l’eau dans la manche, en prononçant la formule. S’il est docile, la cérémonie est finie pour lui, pourvu, toutefois, qu’il mette son offrande dans un plat qu’on lui présente ; s’il ne l’est pas, on ôte subitement la planche sur laquelle il est forcé de s’asseoir, et il tombe dans le baquet : il est alors baptisé par immersion.

De tous les phénomènes que l’Océan puisse offrir, sa phosphorescence est, sans contredit, le plus beau et le plus frappant. C’est principalement entre les tropiques qu’il se montre dans toute sa magnificence. C’est une lumière éclatante qui, pendant la nuit, s’allume et s’éteint à la surface ou près de la surface des eaux. Le vaisseau, en sillonnant les flots, laisse après lui une longue trace superbement lumineuse, le poisson, dans sa course, le choc même de la rame produisent le même effet. Différente de toute autre lumière, celle-ci n’est formée que de points plus ou moins brillants. De la masse d’eau que le navire pousse devant lui, jaillissent mille et mille étincelles plus éclatantes les unes que les autres ; au loin, ce sont, çà et là, des points brillants, mobiles comme les vagues et dont l’existence n’est qu’éphémère. Tantôt toute la surface en est couverte, et tantôt à ce beau spectacle succède une sombre obscurité.

Ce phénomène superbe, qui a donné lieu à tant d’hypothèses, semble être bien connu aujourd’hui. Il paraît, d’après les recherches des savants modernes, qu’il est occasionné par des mollusques et des zoophytes naturellement phosphorescents comme quelques espèces d’insectes qu’on rencontre sur la terre dans les deux hémisphères.

Nous éprouvâmes deux orages dans la zone torride ; mais le bruit de la foudre n’a rien d’effrayant comme sur terre. La décharge électrique ne produit qu’un son assez faible sur la mer, tandis que sur la terre, ce son, mille fois répété par les échos des vallons, des bois et des montagnes, va porter dans le cœur des mortels l’épouvante et l’effroi.

Le ciel de la zone torride est parfois magnifique. Rien n’égale la vive beauté des nuages qui parent l’horizon, le matin et au soir d’un beau jour, quand le soleil vient à commencer ou à terminer sa carrière. On les voit prendre, dans un instant, toutes les formes possibles. Tantôt c’est un paysage qui représente des vallées, des montagnes et des bois ; tantôt ce sont des animaux de mille espèces différentes dont l’attitude varie sans cesse. Mais ce qui rend cette scène plus charmante encore, c’est la diversité et l’éclat des nuances qui s’y font remarquer, jeux admirables des rayons primitifs qui s’y combinent à l’infini, l’azur du ciel y est plus prononcé, les étoiles plus brillantes que dans les zones tempérées. La lumière que réfléchit la lune est quelquefois si vive qu’on y lit presque aussi facilement qu’à celle du jour.

Il était à peu près neuf heures du soir quand, après trente-cinq jours d’une assez belle navigation, nous nous trouvâmes en vue de la Martinique. Dès le matin, des matelots l’ayant aperçue du haut des mâts, avaient crié : terre ! terre ! mais de gros nuages bleuâtres nous en avaient dérobé la vue pendant tout le jour. Épuisé de fatigue, j’étais resté tout l’après-midi dans ma cabane. On me réveilla alors : je montai précipitamment sur le pont, et de là je vis ce tableau si nouveau pour moi, d’une île dont le contour se dessinait sur un ciel sans nuages et semé des plus brillantes étoiles. On voyait briller çà et là, à des hauteurs différentes, mille petites lumières qui éclairaient autant d’habitations, mais sans distinguer autre chose. La mer était calme, un léger zéphir enflait doucement les voiles. Nous ne faisions que petite route et nous ne pûmes aborder que le lendemain.

Qui pourrait se peindre, sans l’avoir éprouvé, le sentiment de bonheur dont on se sent rempli quand, pendant plus d’un mois, suspendu sur l’abîme, n’ayant sans cesse sous les yeux que le ciel et l’eau, exposé à mille dangers divers, on vient à apercevoir tout à coup la terre, objet de ses désirs ? Non, je n’oublierai jamais la vive et profonde impression que j’éprouvai à cette époque de ma vie ! Je me proposai de passer le reste de la nuit sur le pont pour contempler, à loisir, ce beau spectacle. Mais bientôt les lumières s’éteignirent, et le sombre prospectus de l’île resta tout seul devant mes yeux. Heureux habitants d’une terre étrangère, vous allez, me disais-je, vous livrer au repos ; vous allez, au sein d’un paisible sommeil et sous un toit protecteur, réparer les fatigues du jour, certains de vous retrouver encore sur un terrain solide, quand l’aurore prochaine viendra ouvrir vos paupières et vous appeler de nouveau à vos travaux accoutumés ; tandis que la fougue des vents pourrait encore soulever les flots et nous précipiter dans les noirs abîmes de l’Océan, ou nous briser contre les affreux rochers qui défendent votre séjour !

Ce fut dans de semblables réflexions que je passai le reste de la nuit assis sur un des bancs de quart. L’espérance et la crainte agitaient, tour à tour, diversement mon âme ; ou bien, je me figurais le navire à l’ancre et je formais des projets ; ou bien, la distance que nous avions encore à parcourir remplissait mon imagination de lugubres images.

Enfin, le jour parut : c’était le 11 novembre ; nous nous trouvâmes devant la rade de Saint-Pierre. Nouveau spectacle ! cette rade, si fertile en naufrages, présente à l’œil un arc assez ouvert sur lequel est bâtie la ville qui, de toutes parts, est dominée par de hauts mornes au-dessus desquels s’élève avec majesté la montagne Pelée qu’on dit être un volcan éteint. Nous louvoyâmes pendant quatre heures environ avant de pouvoir aborder. Pendant ce temps, mes regards se promenèrent sur les montagnes et dans les vallées qui s’offraient à eux de tous côtés. Ils erraient d’habitation en habitation, et toutes ces demeures sont situées agréablement sur des hauteurs et représentent des hameaux plus ou moins ombragés et toujours pittoresques.

Les officiers s’amusèrent à pêcher un gros requin qui suivait le navire. Ils suspendirent, pour cela, un morceau de viande à un pesant crochet ; le vorace poisson avala tout. On le hala à bord et les pauvres petits pilotes qui l’accompagnaient, se voyant sans abri et sans défense, s’enfuyaient éperdus. Cet animal se débattit longtemps avant de mourir : il paraissait furieux ; je lui enfonçai bien avant dans le corps, et à plusieurs reprises, un levier qu’il mordit de manière à y laisser de profondes empreintes de ses dents ; il fit, une fois, un si grand effort contre le levier, qu’il me poussa rudement sur des mâts de rechange qui me firent tomber. Les matelots l’achevèrent et en firent cuire une partie. J’eus la curiosité d’en goûter : la chair est huileuse et un peu coriace ; sans cela, elle offrirait un mets assez délicat.

Comme ma barbe était un peu longue, je voulus me raser avant de mettre pied à terre. Je descendis donc dans la chambre pour cet effet. J’étais à moitié de mon opération, quand une horrible secousse se fit ressentir dans le bâtiment, en même temps que les cris de tout l’équipage se firent entendre. Ma frayeur fut extrême ; je crus que nous nous brisions sur un rocher. Je ne fis qu’un saut et je fus sur le pont, tant il est vrai que la peur donne des ailes. Mes alarmes disparurent lorsque je connus la cause et de la secousse et des cris. Une petite goëlette louvoyait en sens contraire et s’avançait sur notre ligne. Le capitaine lui avait fait signe de dévier, et, soit qu’elle n’eût point compris, soit qu’elle n’ait pas voulu, elle continua sa route. Notre navire pouvait la couler bas ; mais le capitaine, extrêmement prudent, quitta la ligne ; et comme on était presque au contact, le beaupré de la goëlette s’engagea dans les sabords du navire et fit des dégâts sur le pont ; entièrement rassuré, je redescendis pour achever de me raser et faire un peu de toilette.

Nous approchions de l’endroit où l’on allait mouiller ; des nègres et des négresses vinrent alors en foule, dans leurs pirogues légères, nous offrir des provisions. Les uns apportaient des légumes, les autres du poisson ; d’autres, enfin, des fruits de toute sorte, parmi lesquels se distinguaient la figue banane et la douce orange. Le directeur de la poste vint à son tour chercher le paquet de lettres et nous apprit que la fièvre jaune faisait des ravages affreux dans la colonie ; triste nouvelle pour nous, puisqu’il n’y a guère que les étrangers qui en soient atteints, comme je le ferai remarquer ailleurs. Toute retraite était impossible, il fallait s’armer de courage ; et c’est ce que je fis. On jette enfin l’ancre sur le rivage, car la rade est si profonde qu’on ne peut la jeter un peu au large. Nous descendons. J’allai, le cœur plein de joie et d’espérance, malgré la fâcheuse nouvelle, me choisir un logement ; je traversai le cours, situé sur le bord de la mer, et j’arrivai dans la rue du Petit-Versailles où je me mis dans une pension bourgeoise qu’on m’avait indiquée. Je chancelais en marchant, à peu près comme un homme ivre, effet ordinaire des mouvements que le bâtiment communique. Après un bon dîner qui me remit un peu de mes fatigues, j’allai à bord pour faire enlever mes effets. De retour à la pension, comme le soir s’approchait et qu’à cause des serpents, très-communs dans cette île, je ne voulais pas sortir, je restai dans la chambre qu’on m’avait préparée. Je me déshabillai, et me vêtis le plus légèrement que je le pus, à raison de la vive chaleur qu’on éprouve dans ces climats brûlants, et je passai le reste du jour à la fenêtre pour pouvoir respirer plus facilement.

Le soleil était couché, je ne jouissais plus que de la faible lumière de ses derniers rayons réfractés, et les étoiles commençaient déjà à briller au firmament. La tête appuyée sur une de mes mains, je réfléchissais aux vicissitudes de la vie, quand, soudain, dans une chambre dont les fenêtres, tout ouvertes, se trouvaient vis-à-vis les miennes, parut une mulâtresse bien vêtue, tenant à la main une lumière qu’elle vint en hâto déposer entre les deux croisées. Une dame très-richement parée entra aussitôt. Cette dame, du milieu de la chambre, fixant ses regards du côté de la lumière, me fit croire, par ses gestes, qu’il y avait là une glace où se réfléchissait sa beauté. Naturellement un peu curieux, mais pourtant discret, je voulus voir la suite d’une scène qui commençait si bien ; je suspendis mes réflexions sérieuses pour y porter un moment mon attention. Cette dame, d’un air gracieux, ôte son chapeau, orné d’une couronne de roses qui, par leur éclat et leur fraîcheur, rivalisaient avec celles que fait naître le printemps. La mulâtresse s’en saisit et le dépose sur une chaise. Le léger fichu de gaze qui posait négligemment sur ses épaules, la ceinture élégante qui faisait si bien ressortir et la finesse de sa taille et ce qui fait ordinairement la gloire et l’orgueil des jeunes personnes du sexe, la robe aux riches garnitures, le corset à large baleine, tout cela suit bientôt le chapeau. Il ne restait plus que le léger tissu qui couvrait le satin de sa peau ; l’esclave favorite en agite un moment les plis, comme si quelque insecte importun s’y fût logé. Enfin, ce dernier voile tombe !… Cet attentat à la pudeur me fit frissonner d’indignation. Le bruit que je fis en me retirant de ma fenêtre, les avertit, sans doute, qu’elles étaient aperçues. La mulâtresse pousse les jalousies y la Vénus s’enveloppe dans une robe de chambre et se couche mollement sur un canapet, et toutes deux firent entendre de longs éclats de rire. On conçoit que cette scène, toute nouvelle pour moi, me donna une idée assez défavorable de la moralité des créoles.

Comme ce n’était point à la Martinique que j’avais résolu de me fixer, je sortis le lendemain de grand matin pour aller arrêter mon passage sur le premier bâtiment qui se dirigerait vers la Guadeloupe. Il n’y avait alors qu’un petit bateau qui fût en chargement pour cette colonie. Il me répugnait singulièrement, je l’avoue, de m’embarquer sur un aussi frêle bâtiment. Pourtant, la crainte d’être atteint de la fièvre jaune, leva ma répugnance : il devait partir le lendemain ; je me décidai à en profiter. Cette affairé terminée, j’allai distribuer quelques lettres dont je m’étais chargé en France, ce qui me donna l’occasion de voir la ville.

Le plan sur lequel pose cette métropole des Antilles françaises, est loin d’être horizontal. Il présente de grandes inégalités. C’est le creux d’un vallon ouvert du côté de la mer ; en sorte qu’une partie de la ville est en amphithéâtre. Au milieu de la Grande-Rue, parallèle à la rade, est un canal où coule rapidement une eau douce et limpide. Les maisons sont basses, à cause des tremblements de terre, très-fréquents dans cette colonie, construites, pour la plupart, en bois et couvertes en essentes. J’indiquerai ailleurs la manière générale dont on construit dans les îles de l’archipel Américain.

Il n’y a dans Saint-Pierre aucun édifice bien remarquable, si ce n’est pourtant la salle de spectacle, finie en 1817 sous le gouvernement de M. le comte de Vaugiraud ; l’architecture en est simple, mais assez élégante. Ce monument est agréablement situé sur un morne qui domine la ville. On remarque dans les magasins une grande activité ; dans la rade un grand nombre de bâtiments ; dans les rues beaucoup de mouvement ; c’est le centre du commerce français dans les Indes occidentales.

On avait établi un collége dans cette ville : il était dirigé par un homme qui, certes, avait des talents et qui avait su s’associer des professeurs de mérite ; mais ce collége n’a duré que trois ans. J’aurai occasion, dans la suite, de faire connaître les causes qui s’opposent à la prospérité de semblables établissements dans les colonies, et pourquoi, chez eux, les créoles ne sont point susceptibles d’une éducation solide.

Hors de la ville était un assez beau jardin des plantes, bien soigné et dirigé par un naturaliste dont j’ai perdu le nom.

Voyage de Saint-Pierre à la Pointe-à-Pitre.

À bord des légers bâtiments qui font le cabotage dans les Antilles, il n’est point en usage que les passagers soient nourris. Chacun doit donc emporter, du lieu de départ, les provisions qu’il croit lui être nécessaires. En conséquence, je mesurai celles que je devais faire sur le temps qu’il nous fallait pour nous rendre de Saint-Pierre à la Pointe-à-Pitre, une des villes de la Guadeloupe où le bateau devait nous mettre à terre.

Le 13 novembre, vers sept heures du matin, on mit à la voile, et nous partîmes. Un ciel presque sans nuages, une jolie brise, une mer tranquille, tout nous promettait une heureuse et prompte navigation. Nous franchissons rapidement le canal de la Dominique ; nous nous dirigeons sous le vent de cette île. À peine fûmes-nous parvenus à la hauteur des Roseaux, capitale et séjour du gouvernement de cette colonie, que nous trouvâmes un calme plat. Nous restâmes devant la rade, tout le reste du jour, sans pouvoir avancer. Le capitaine qui espérait, en partant, arriver le soir à la Pointe-à-Pitre, s’était embarqué sans biscuits. Il convenait, en pareil cas, que je misse mes provisions en commun ; mais, n’ayant pas compté sur cette mésaventure, le calme, qui pouvait durer plusieurs jour de suite, ne laissait pas de m’inspirer quelques inquiétudes.

Ces bateaux caboteurs sont ordinairement commandés par des gens de couleur ; assez rarement par des blancs. Ces capitaines n’ont pour se conduire que la connaissance des côtes et de la manœuvre ; ce qui leur suffit, absolument parlant, puisqu’on ne perd point la terre de vue. L’équipage est composé de quelques esclaves. Ces bateaux n’offrent aucune commodité pour les voyageurs. Il n’y a qu’une très-petite chambre où l’on ne peut se tenir debout, et où trois ou quatre personnes, tout au plus, peuvent se mettre à l’abri. J’étais descendu dans cette espèce de boîte pour me soustraire aux ardeurs du midi. Là, assis sur un petit baril, je me disposais à lire quelques pages d’Horace, que je portais assez habituellement dans ma poche ;

je cherchais l’endroit où le poëte décrit si gaiement un petit voyage qu’il avait fait sur l’eau, lorsque j’entendis ronfler à mes pieds ; je soulevai une mauvaise toile, c’était un vieux nègre à barbe blanche qui reposait. L’odeur alliacée et nauséabonde qu’exhalait ce malheureux Africain était si forte et si désagréable qu’elle me fit bientôt fermer mon livre. Je remontai vite sur le pont que je ne quittai plus que pour mettre pied à terre.

Tout le temps que nous fûmes en calme, je fus constamment tourné vers la Dominique.

En voyant flotter sur la ville des Roseaux le pavillon anglais, je ne pus, sans éprouver un sentiment pénible, songer que cette colonie était peuplée de Français. »

Bernard Camier écrit en 2001 dans les spectacles musicaux en Martinique, en Guadeloupe et à la Dominique dans le seconde moitié du 18e siècle :

« Au 18e siècle, dans les îles, les spectacles sont souhaités par les colons, encouragés ou soutenus par les autorités et prises par les comédiens et musiciens d’Europe qui viennent par dizaines se produire dans les salles tantôt rudimentaires, tantôt fort convenables comme les théâtre de saint pierre, de port au prince ou de kingston parmi d’autres. Un texte de l’époque affirme qu’un spectacle –comprenons : une salle et une entreprise de spectacle – est indispensable. …

On trouve les toutes premières indications de titres d’œuvres jouées ou chantées dans la gazette de la Martinique (1er mai 1784). La proclamation de la paix donne lieu à saint pierre à différentes manifestations, dont un spectacle donné par la société d’amateurs qu fait depuis quelques mois briller ses talents sur notre théâtre. Deux opéras comiques y sont alors joués, amour d’été et les sabots. On apprends à cette occasion que cette même troupe d’amateurs a déjà joué la gageure imprévue, l’anglais à bordeaux, les fausses infidélités, la pupille, le barbier de Séville, les souliers mordorés, la servante maîtresse, le déserteur, lucile, sylvain, la laitière, toute pièces appartenant au répertoire qui se pratiquait à la même époque dan les théâtres des provinces françaises.»

Moreau de saint-Méry décrit le théâtre de saint pierre (non daté) :

« la salle de la comédie de saint pierre est construite en maçonnerie. Elle a 124 pieds de longs et 60 pieds de large. Les murs ont 24 pieds de hauteur, les combles 36 pieds.

La salle est absolument modelée sur la comédie-française de paris. Elle est de forme circulaire jusqu’à l’avant scène. Le théâtre a 36 pieds de large hors des coulisses et 45 pieds de long.

Il y a quatre rangs de loged, savoir la galerie où il peut tenir 120 personnes, premières partagées en 10 loges et au milieu une espèce d’amphithéâtre susceptible de contenir 40 personnes, les 10 loges sont de 8 places, les deuxièmes divisées en loges de 4 places, les troisièmes sont les gens de couleur.

Le parterre a dix rangs, de manière qu’il n’y reste qu’une petite portion par derrière où les spectateurs sont debout.

Chaque rang de loges peut contenir 130 personnes et le parterre 350. aussi le spectacle tout rempli peut recevoir 900 personnes. Le prix des places ailleurs qu’au parterre est d’une gourde, et au parterre, de deux gourdins.

Les troisièmes loges au paradis forment deux parties. Celle de la droite en regardant le théâtre est pour les libres et est divisée en loges, celle de gauche est en commun et destinée aux esclaves. Aux îles du vent, les mulâtres libres restent mêlés aux nègres. Cependant les gens de couleur de saint pierre voulaient que les nègres fussent mis à part au spectacle.

La salle du spectacle de saint pierre a coûté 267 000 livres. Elle a été commencée le 1er janvier 1786 et finie le 1er novembre. On y a joué pour la première fois le 16 du même mois. »

P.E Isert décrit en 1787 le théâtre de saint pierre:

« il y a un magnifique théâtre à saint pierre, qui surpasse par la grandeur et le goût les bâtiments en ce genre les plus renommés en Europe. Il y a une vaste cour et devant le portail une place où les porteurs de litière prennent le haut quand ils arrivent et le bas quand il retournent. Il y a quatre rangs de loges, dont le premier a tout à l’alentour une galerie en dehors, où l’on s’amuse en attendant que le spectacle commence ; on y vient aussi prendre le frais dans les entractes, sans perdre pour cela sa place à la loge. Il n’y a aucune séparation dans les rangs des loges, et chacun peut y prendre la place qui lui convient le mieux. Le quatrième rang s’appelle le paradis pour les gens de couleur…

On donna, pendant mon séjour ici, uniquement des opéras ou des pièces mélées de chant. J’assistais à Orphée et Eurydice qui fut assez bien rendu. »

Le 20 octobre 1819, le gouverneur administrateur décide de porter concession d’un nouveau privilège des théâtres de la Martinique en ma faveur. Ce privilège est accordé pour trois ans. J’ai le titre de chargé d’affaires d’une société d’artistes dramatiques, formée tant de ceux déjà dans la colonie que ceux qui y sont appelés. J’obtiens un engagement avec la direction théâtrale de Guadeloupe. Les artistes des deux troupes alterneront par trimestre d’une colonie à l’autre. Le 15e des recettes est reversé dans la caisse municipale pour les dépenses utiles à l’établissement. Ces dispositions s’appliquent aux représentations qui pourront être données à Fort Royal lorsqu’il s’y trouver un local convenable.

Pierre LEFORT (de la saignée et du kinkina dans le traitement de la fièvre jaune , Martinique 1826), médecin du roi écrit à la fin du mois de septembre 1818 à l’inspecteur général du service de santé de la marine lui rendant compte de l’épidémie qui sévissait : 

« ai-je pu saigner sur le champ une, deux et même trois fois, sur cinq malades quatre ont été guéris ; la maladie se juge au second et au troisième jou, et la convalescence qui n’est jamais longue, s’établit du quatrième au cinquième : la saignée faite le lendemain de l’invasion, offre six fois moins de chances de succès, et il est en général trop tard d’y recourir le troisième et le quatrième jour….il y a toujours exubérance de vie dans ceux que la fièvre jaune atteint à leur arrivée dans les colonies, ou peu de temps après. Leur sang est épais et riche en couleur et en fibrine, nulle sérosité…ceux qui succombent en peu de jour à la maladie, ont les chairs fermes, rouges, et n’offrent jamais aucun signe de putréfaction, de pourriture, et n’exhalent jamais, même long-temps après la mort, aucune espèce de mauvaise odeur. Il faut en excepter les cas assez rares, où la maladie traîne en longueur pendant deux, trois ou même cinq semaines ; alors les cadavres s’altèrent promptement.

L’appareil de langueur et d’abattement qui se manifeste quelquefois au début même de la fièvre jaune, est toujours l’effet de la douleur et de l’irritation d’un ou plusieurs viscères, et non d’une faiblesse réelle du système général. L’analyse physiologique des fonctions et le prompt soulagement que de larges saignées procurent toujours instantanément, ne peuvent laisser aucun doute à cet égard….

La ville de saint pierre …assise sur le bord de la mer, et adossée à des montagnes fort élevées qui s’étendent d’une de ses extrémités à l’autre, cette ville court, du sud-sud-est au nord-nord-ouest, dans un espace fort resserré, entre le rivage et ces montagnes, et forme une espèce de croissant dont la pointe sud est la plus saillante. C’et dans la portion de segment la plus rapprochées de cette pointe sud, qu’est située l’ancienne ville qu’on nomme mouillage. Le mouillage est la partie de saint pierre la plus populeuse et la plus marchande ; elle est aussi la partie la plus basse, et comme la sentine. Là, en effet, viennent aboutir les ordures et les immondices de toute la ville. Les montagnes suspendues, pour ainsi dire, sur les ¾ de saint pierre, empêchent que la plus grande partie de cette ville soit rafraîchie par les vents d’est, à moins qu’ils ne soufflent bien fort : ainsi la chaleur y est elle constamment plus haute que dans aucun autre lieu de la colonie. C’est ainsi que les vents tombent au sud, que la chaleur et l’humidité s’élèvent au plus haut degré aux antilles…ainsi aussi longtemps que règnent ces vents, saint pierre et la rade qui est contiguë sont comme ensevelis dans cette atmosphère immobile suffocante, et saturée des émanations délétères qui s’élèvent des bords de la côte, et surtout du mouillage. La conséquemment se trouvent réunies toutes les causes générales et locales de la fièvre jaune. »

Le 23 août 1832, sophie, marchande de nouveautés, domiciliée à nimes section 1, déclare devant le juge de paix du premier arrondissement cantonal de nimes, ma disparition. Les témoins sont gabriel mirrer Vaquez professeur de musique âgé de 52 ans, claude méffre artste musicien âgé de 53 ans, alexandre paris professeur de musique de 38 ans, louis dumont, perruquier âgé de 70 ans, tous originaire de nimes.

Cette déclaration de disparition permis à ma fille de se marier le 15 janvier 1833 à cabestany avec jean baptiste, âgé de 25 ans, né de père inconnu en 1808 et de honorée pomarede veuve sagui. Jacques labroué, brassier et père nourricier de 68 ans est témoin au mariage. Ils auront une dizaine d’enfants entre 1833 et 1851.

Le 5 septembre 1837, Sophie est domiciliée à Montpellier et fait acte chez le notaire grapete pour consentir au mariage de sa fille louise séraphine avec antoine eugène lauze, tailleur d’habits le 25 septembre 1837 à nimes. Les témoins sont gabriel varquiez professeur de musique âgé de 57 ans, tomas bardony doreur sur bois âgé de 38 ans, achille leclaire, commis négociant âgé de 22 ans, domiciliés à nimes.

Le 17 août 1854 à 11h du matin, à cabestany, Elisabeth dite Louise décède à l’âge de 42 ans d’une maladie contagieuse. Elle était inhumée le lendemain à 07h du matin. Déclaration faite par ses voisins françois pons âgé de 47 ans et pierre monssarat âgé de 38 ans.

Le 5 juin 1869, à une heure du matin, sophie décède à son domicile de nimes, 8 place du château. Déclaration faite par son petit fils, hippolyte lauze, employé au chemin de fer âgé de 30 ans, et jean cabien, propriétaire âgé de 42 ans.


Le courrier du gard mercredi 9 juin 1869

Le 23 décembre 1892, à deux heures du matin, louise séraphine décède à l’âge de 79 ans à son domicile 9 rue clerisseau à nimes. Déclaration faites par son fils hippolyte lauze, chef de gare à Remoulins dans le gard âgé de 53 an et hippolyte Bedot, employé âgé de 72 ans.

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